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Création 2020

Antigone

Note de l'auteur

Ce texte naît, à la base, d’une rencontre, d’une envie, d’une commande.

Le temps passe, les recherches autour de la figure d’Antigone s’accumulent, les interviews autour de cette figure, les lectures des classiques.

Antigone, Antigone, Antigone, oui, tout le monde me parle d’une image, d’un symbole de lutte. Beaucoup font référence à l’œuvre d’Anouilh. Je relis, je replonge. Seulement voilà, pour moi, cette figure du théâtre d’Anouilh est peut-être trop adolescente, trop en lutte face à un monde trop grand, mais il s’agit d’une adolescente. Je voulais écrire sur ce qui nous paraît trop grand à l’âge d’homme. Antigone devient pour moi une figure de lutte peut-être plus réfléchie. Je ne veux pas porter de jugement. Pas sur elle. C’est sur le monde et la conception que nous en avons que je veux parler, que je veux la faire parler.
La figure antique, de par son invocation nous permet de prendre du recul, de trouver des ponts, de jouer sur l’écho et les résonances.

Antigone est une histoire de mort, une femme, un être humain, qui compte ses morts. Et nous, comment parlons-nous de nos morts dans une société où tout est tourné vers le passé et la glorification des actions héroïques d’ancêtres que nous ne connaissons pas ou plus.

L’idée ici est d’amener le regard du lecteur, du spectateur, sur ses luttes, comprendre que parfois nous sommes trop petits mais que la lutte est là, bien présente, que nous avons le droit d’enrager devant la lenteur des évolutions de la société, mais qu’en cultivant la révolte en soi et en la partageant, nous pouvons être entendus, nous pouvons être compris, et cela à la fin peut porter ses fruits. L’histoire d’Antigone, c’est aussi l’histoire d’un cheminement, long et éprouvant. C’est tout cela que l’homme porte en lui. Que l’on soit parent, patron ou employé, chômeur, retraité, nos vies ne sont qu’un enchevêtrement de chemins plus ou moins tortueux sur lequel nous faisons l’expérience de la lutte. Jusqu’à la mort.

Et voilà que nous revenons à la mort. L’on rêve toujours d’une belle mort pour ceux que l’on a aimé, mais aussi pour nous-même. Nous mettons beaucoup de choses derrière la mort, une récompense, un acte divin, une punition. Mais quoi que l’on mette derrière l’acte de mourir, nous ne savons pas nécessairement prendre de recul.

J’ai beaucoup lu et beaucoup entendu qu’il fallait tout dire, tout faire, tout entendre des gens que l’on aime avant de les perdre. C’est certainement vrai, mais cette conception me renvoie à cette sempiternelle culpabilité qui s’accroche dans notre société.

Et si nous mettions la culpabilité de côté ? Et si nous écoutions et partagions avec nos morts, libres de toute doctrine spirituelle, que se passerait-il ? Quels liens ferions-nous, quels ponts entre le passé et l’avenir pourrions-nous créer ? C’est cela que je cherche aussi à mettre en avant à travers la parole de ce personnage. Dans un moment d’enfermement le plus total, à l’heure du bilan, devons-nous fatalement céder à la culpabilité ? Ou devrions-nous plutôt ouvrir notre esprit et accueillir la vie pour ce qu’elle est et toute la richesse qu’elle nous a apporté et nous apportera encore jusqu’au dernier souffle ?

Ce texte est peut-être un bilan de ma pensée jusque là – et en conscience, elle évoluera. Mais, plus que tout, ce texte est un cri d’espoir pour la suite, un cri d’amour, un acte d’accueil et d’ouverture au monde.

 

Arnaud Pontois-Blachère

Création 2020 dans le cadre des Effusions - 5ème édition 

 

Festival annulé suite à l'épidémie de Covid-19 - La création est reportée à une date ultérieure.

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Texte et Interprétation: Arnaud Pontois-Blachère

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Mise en scène: Gabriel Acremant

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Durée estimée: 1h05

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